Des techniques naturelles comme la respiration, l’alimentation ou la visualisation, peuvent-elle suffire à "tout guérir" comme l’affirment certaines écoles thérapeutiques traditionnelles ?

Certains êtres humains vouent leur vie entière à la pratique d’exercices corporels et spirituels. Ils s’y adonnent corps et âme, y consacrant l’essentiel de leur temps. Bien sûr, ils en développent forcément certaines "maîtrises" sur les plans corporel, mental et émotionnel. Mais au sein des pays occidentaux, ces résultats sont souvent obtenus au prix d’une "focalisation" mentale très intense et d’une marginalisation, parfois même d’une désocialisation importante.

Malgré cela, est-il possible de tenir à distance toutes les maladies en consacrant sa vie entière à la respiration ou à la méditation ? La réponse scientifique est complexe. J’ai rencontré des yogis, des moines, des lamas et des soufis ayant suivi une discipline psychocorporelle extrême et qui, effectivement, semblaient échapper à toute maladie. De là à affirmer qu’il existe une relation de cause à effet directe entre ces deux observations, il y a un grand pas "rempli d’inconnu" que je ne peux franchir dans l’état actuel de mes connaissances. Et quand bien même ce serait le cas, la vie de ces "êtres mystiques", ou hors normes, n’est en aucun cas compatible avec les critères humains et sociaux qui régissent nos vies d’Occidentaux. Pourtant, certaines universités américaines (1) se sont intéressées très sérieusement et très scientifiquement aux pouvoirs quasi surnaturels développés par certains moines tibétains et yogis hindous. Il est clairement prouvé que ceux-ci savent ralentir à volonté (voire arrêter quelques minutes) leurs battements cardiaques, maîtriser certaines infections, contrôler leurs ondes cérébrales ou les phases de leur sommeil... Incroyable ! Mais bien que très spectaculaire, je voudrais souligner que tout cela se situe à l’opposé de ce que propose la Delta-médecine car le prix à payer est souvent exorbitant sur le plan de la vie personnelle ! Il ne s’agit plus là de Delta-techniques mais bien de "méga-techniques"... marginales et très difficiles à appliquer, à intégrer et à maîtriser.

C’est pourquoi je mets toujours mes patients en garde contre les théories, les techniques et les thérapeutes "extrêmes" : vouloir se guérir uniquement à travers une pratique quotidienne intense, quelle qu’elle soit (respiration, alimentation, visualisation...), constitue un grand risque de désillusion (et de santé ) et porte atteinte à la véritable capacité de guérison qui est indissociable d’une forme de normalité et de "bonheur" au quotidien. À mon sens, la "bonne santé" ne peut se définir par le seul critère de la "non-maladie". Une personne en bonne santé est une personne sinon heureuse, du moins équilibrée dans son identité, sa famille, sa sexualité, ses relations, son insertion sociale.

Juste milieu, simplicité et respect forment la base incontournable de l’efficacité durable de toutes les techniques de guérison personnelle. Je reste donc un militant inconditionnel de "l’extrême-centre" pour de nombreux les choix quotidiens, y compris ceux de santé.

(1) Notamment l’université de Stanford et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston.